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Les pistes cyclables en nez de quai d’arrêts de tram constituent un réel danger pour les piétons

Depuis quelques mois, des nouveaux arrêts de tram présentent une piste cyclable en nez de quai, aménagement que la Région bruxelloise souhaite déployer davantage.

Le CAWaB est inquiet par le développement de ces infrastructures qui constituent un réel danger pour les voyageurs, principalement déficients visuels et/ou auditifs. En plus des potentiels conflits cyclo-piétons, cette piste cyclable en nez de quai éloigne les déficients visuels de la dalle souple prévue à la première porte du tram qui permet un contact rapproché et plus aisé avec le chauffeur en cas de besoin.

Pour ces raisons, le CAWaB a donc demandé de faire partie d’un groupe de travail piloté par le Centre de Recherches Routières (CRR), qui vit le jour cet été. Le groupe de travail cherche à créer un arbre décisionnel permettant d’orienter les urbanistes vers des pistes de solutions adaptées en fonction de l’aménagement du lieu, dont l’objectif est de diminuer le risque de chute pour les cyclistes et de minimiser autant que possible les conflits cyclo-piétons.

Afin d’avancer dans la réflexion, les membres du groupe de travail se sont rendus, en début d’année, chaque matin durant une semaine sur les arrêts en question afin d’observer les interactions cyclo-piétonnes. Chaque partie prenante a ensuite rapporté ses constats au CRR.

Ces aménagements étant également mis en place à Berlin, Brulocalis et Bruxelles Mobilité ont organisé un voyage d’études de trois jours dans la capitale allemande pour étudier les aménagements cyclo-piétons ainsi que les Mobility hubs, la micromobilité, la gestion des bornes de recharge électrique, etc.

Le CAWaB était présent à ce voyage qui a rassemblé d’autres acteurs belges tels que la STIB, le Centre de Recherches Routières, Urban.brussels, le GRACQ, des Conseillers en mobilité issus des différentes communes ainsi qu’un membre du Cabinet de la Ministre de la Mobilité Elke Van den Brandt. Ce fut l’occasion de rencontrer différents responsables régionaux berlinois ainsi que des représentants d’associations cyclistes et piétonnes.

Compte-rendu de la visite

De manière générale et à la différence de Bruxelles, l’agglomération de Berlin dispose de davantage d’espace en voirie de façade à façade. L’infrastructure du tram berlinois ne permet pas aux PMR un accès de plain-pied. De plus, rares sont les arrêts disposant de lignes guides pour les personnes déficientes visuelles.

Les arrêts observés font passer une piste cyclable d’un mètre de large et sont pourvus d’un espace tampon d’un peu moins d’un mètre entre la bordure de quai et la piste cyclable. La zone d’attente pour les personnes déficientes visuelles dessinée au sol par des dalles podotactiles se retrouve très éloignée de la porte d’entrée du tram, ce qui ne facilite pas des échanges avec le chauffeur, notamment pour connaitre le numéro de la ligne et sa destination. Enfin, la séparation des espaces cyclables et la zone d’attente est très peu perceptible visuellement ou de façon podotactile.

Le maitre d’ouvrage part du principe que le cycliste doit s’arrêter au moment de l’échange voyageur. Pourtant, rien n’indique aux cyclistes qu’ils entrent dans un espace où ils perdent leur priorité au moment de l’échange de voyageurs. Sans que ce soit initialement voulu, cette infrastructure induit pour le cycliste le sentiment d’être prioritaire sur les usagers de transport en commun.

Par ailleurs, en tant qu’utilisateur de transport en commun, la zone d’attente se voit donc rabotée en deux petites zones qui, en cas de forte affluence, ne permet pas vraiment d’y attendre sereinement sans être surpris par des cyclistes. De plus, lorsque l’on descend du tram à reculons en chaise roulante ou avec une poussette, il peut être difficile de veiller en même temps à son équilibre tout en évitant de rentrer en conflit avec un cycliste.

Nous avons donc comparé une infrastructure qui n’offre pas la même accessibilité. En effet, l’infrastructure berlinoise améliore certainement le sentiment de sécurité de certains cyclistes moins avertis, mais la question de l’usage par des PMR n’a pas été étudiée. Les responsables en présence n’ont d’ailleurs pas consulté les associations représentatives des personnes en situation de handicap.

Conclusion - Et si la piste cyclable passait derrière l’arrêt ?

Bruxelles Mobilité et les associations de cyclistes soutiennent le projet de pistes cyclables en nez de quai avec comme premier argument la volonté de réduire le nombre de chutes de cyclistes provoquées par les rails de tram. Cependant, cette solution ne prend pas en considération la sécurité des usagers des transports en commun et des piétons et fait donc fi du principe STOP (Stappers, Trappers, Openbaar vervoer, Privé vervoer), principe visant à hiérarchiser les différents modes de transport avec le piéton au sommet de celle-ci.

Des infrastructures de ce type sont actuellement en cours de validation de permis d’urbanisme, ce dont nous nous étonnons étant donné que ces aménagements ne font pas l’unanimité au sein même du groupe de travail du CRR, pour lequel le CAWaB est partie intégrante.

Crédit photo : CAWaB

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